Se réinventer en permanence

Être parent, c'est sans cesse se remettre en question et trouver des nouvelles manières de s'y prendre, parce que les enfants sont tous différents, et un même enfant change de semaine en semaine ! C'est encore plus vrai quand on "fait l'école" à ses propres enfants. Ça roule, tu as ta méthode, et paf tu tombes sur un numéro avec qui ça ne prend pas...

Nous c'est le numéro un, direct, qui nous a poussés à nous renouveler, à chercher des trucs qui marchent, à sortir des sentiers battus. Ce gosse me rend folle ! J'ai toujours dit qu'il ne tourne pas rond. En tous cas, il ne tourne pas comme les autres ! C'est aussi pour ça qu'on a commencé l'école-maison. Ce gosse était trop différent, d'un côté super intelligent, d'un autre côté super à côté de la plaque. Mes numéros 2 et 3 auraient survécu dans le système scolaire, ils ont, comme pas mal d'enfants de ce pays, les capacités de s'adapter à l’enseignement et au rythme de l’Éducation Nationale. Mais pas mon G.

Grégoire 2013
Dès le début, vers ses 3 ou 4 ans, à part quand c'était hyper fun et surtout pas assis à une table, il a fait des crises d'opposition, de refus, et il le fait toujours à 11 ans bien tassés ! Croiser les bras et dire "j'ai pas envie", hyper souvent, dans une attitude enfantine... Donc tout son primaire, c'était le forcer, ne rien lâcher, hausser la voix, s'acharner (surtout pour les devoirs scolaires!), y passer un temps fou ou... le néant. Ne rien obtenir de son plein gré. Comme ça ne me plaisait pas trop cette histoire de forcer mon gamin, il y a une période, après son retrait de l'école, où je lui ai foutu la paix sur les apprentissages. Du coup arrivé en milieu CM2 il avait à peine touché à la grammaire et ne savait pas ses tables de multiplication, n'avait jamais croisé de division et ne savait pas reconnaître un verbe. Le néant quoi... Vraiment étonnant pour un enfant qui, par ailleurs, passe des heures à bouquiner, retient tel un magnétophone les histoires ou les informations, nous explique le fonctionnement de la machine à vapeur ou récite la tirade du nez de Cyrano de Bergerac...

Il était donc évident que ce petit a juste besoin d'apprendre différemment. Point. C'est lentement et graduellement, et en réinventant sans arrêt, que fin CM2 on s'est remis au boulot, et avec une grammaire hyper ludique que je lui écris moi-même comme si je lui parlais, et des maths très malines et logiques que nous faisons ensemble... et il est en train de se bouffer tout le programme du primaire les doigts dans le nez. On a même attaqué la 6è (ce qui revient au même en fait, la 6è ne fait que réviser le primaire) !

Arnaud 2013
Et puis en 4ème position, nous avons un petit monsieur A. Lui, pour le coup, n'a jamais mis les pieds à l'école. Il est le pur produit du unschooling, au vrai sens du terme : jamais de leçons avant l'année dernière, année de ses 6 ans. J'avais un peu essayé de lui montrer les lettres de temps en temps à partir de 5 ans, aucun "déclic" de lecture. Et puis un beau jour c'est venu, avec ma super méthode... Mais rapidement, monsieur s'est lassé. Il a fait, lui aussi, des crises de refus. Bras croisés sur la table, "non!", bouderie, rien à en tirer. Mais celui-là contrairement à l'aîné je ne l'ai jamais trouvé bizarre, au contraire, plutôt hyper allumé et très malin... Enfin avec l'expérience, c'était pas dur à deviner qu'il fallait changer de méthode !

J'ai ressorti, malgré moi, dans un acte de renoncement suprême, ma vieille méthode Boscher (je crois que je l'avais piquée dans la bibliothèque de ma mère : ma sœur m'avait appris à lire avec ça l'été de mes 4 ans). Je l'ai montrée à Arnaud : il a été ravi ! Des images et beaucoup moins de choses à lire. Depuis, même si il y a des jours où ça le soule, il daigne venir faire son petit quart d'heure de lecture et d'écriture à son bureau. Cependant, il va bientôt avoir 7 ans, et c'est en lisant ses propres livres avec ses frères, le soir dans son lit, qu'il apprend le plus ! Et là, je me dis que le fameux unschooling, dont je vous parle en intro de blog, c'est vraiment pas de la foutaise !!! Soit il devine les consonnes qu'on n'a pas vues ensemble, soit il demande à ses frères "c'est quoi cette boîte à son?", et il apprend par lui-même, intuitivement, replaçant dans sa tête les infos comme nous le faisons tous avec les infos reçues du monde et que notre cerveau, sans arrêt, cherche à ranger, associer, compiler, synthétiser, pour comprendre et maîtriser.

Pour le motiver, l'encourager, lui donner le goût, le mettre en situation, bref, ce qu'on fait pour faire avancer son enfant, j'ai même dégoté des petits livres presque parfaits qui ont fonctionné du feu de dieu : les J'apprends à lire chez Hachette. Ça aussi ça m'a coûté, parce qu'il y a quand même des petits mots outils à maitriser, qu'on ne lit pas mais qu'on connait par cœur. Enfin rapidement Arnaud les a déchiffrés aussi. Ces petits bouquins sont lents et ont des niveaux très bien découpés, début de CP, milieu de CP, fin de CP, donc on peut lire de vrais histoires avec peux de graphèmes connus ! Bon, c'est loin de la perfection du livre de lecture de Wettstein Badour, rempli d'histoires aussi, mais ça a le mérite de plaire à mon numéro 4 !
(Son préféré est Le Roi Lion, et je ne prends que les walt disney, je n'ai pas mis le doigt dans la série Sami et Julie, mais ça doit être le même principe) 
Avec Arnaud, il faut que ce soit drôle.
Début 2018.

Pour les maths, avec ce quatrième enfant, je n'ai encore rien commencé. Quand on l'interroge on s'aperçoit qu'il sait pas mal de bouts de tables de multiplications. Il retient plein de trucs qui l'intéressent, il sait additionner... Enfin pour l'instant je le concentre sur lecture écriture, on aura tout le temps pour la suite ! Il parait qu'en 6 mois un enfant normalement constitué peut, en 6è, copmprendre et maîtriser tout le programme de primaire... (je le vérifie chaque jour). Pourquoi, alors, se casser la tête avant ?! Autant laisser mes précieuses petites têtes blondes grandir en paix et appréhender leur univers avec confiance et sûreté ! Même si... une fois par an, des dames venues d'ailleurs viennent les faire plancher 2 heures sur des trucs dont ils n'ont jamais entendu parler... Elles feraient mieux de les faire parler de l'ensemble de l'univers qui n'est pas contenu dans les mots "maths" et "français", elles s'apercevraient de la richesse et de l'étendue des intérêts de tous les enfants de cette planète !!! A bon entendeur...


PS : la méthode Boscher est rééditée par les Editions Belin mais je l'ai consultée, elle est tout à fait décevante : ils se sont contentés de scanner les pages et de les éclaircir en rajoutant du contraste, ce qui fait que les lettres sont un peu dentelées sur les bords, ce n'est pas clair du tout. Ils ont joué la paresse. Dommage. Préférez une méthode originale d'occasion ou la méthode Fransya !

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