Le programme et les inspecteurs

Qu'ils ont mauvaise réputation ces inspecteurs ! Ils peuvent être si bornés et si intrusifs ! Et les programmes scolaires, quelle pression, quelle angoisse ! voui voui voui... Eh bien pas forcément! Vous trouverez sur les groupes facebook d'IEF tous les échos que vous voulez, mais voici mon témoignage, mon "partage d'expérience" comme on dit, au sujet de ces inspecteurs et surtout de notre rapport au programme scolaire.

Les contrôles

Il est certain que sans les contrôles annuels obligatoires, c'est à dire la visite à domicile ou la convocation à l'académie, je ne ferai que peu travailler les enfants. Je parle au moins pour les primaires car notre aîné vient de commencer le collège, je crois que ce ne sont pas les mêmes contrôles, donc je n'ai pas l'expérience pour vous en parler. De plus à 12 ans on devient un petit homme et on comprend mieux les nécessités de la vie adulte, on comprend qu'il va falloir un jour chercher du boulot et pour cela, étudier 😊.

L'année dernière les enfants n'ont vraiment travaillé que de janvier à mars, entre le moment où j'ai reçu le courrier de l'académie et la date du contrôle ! Et ce fut une inspection réussie "haut la main". C'était le 2ème contrôle de notre vie.

Oui, haut la main, malgré le peu de travail sur table, avec papier et crayon, dans des cahiers avec des livres. Parce que les enfants apprennent partout tout le temps. Ils n'ont pas besoin qu'on leur enseigne ! Ah c'est sûr ils ne sauraient peut être pas écrire leur nom en lettres bâtons à 4 ans (pour les nécessités des affichages en maternelle...) mais ils l'apprendraient naturellement plus tard, dans un univers stimulé, et bien mieux qu'en subissant un apprentissage accéléré et "forcé". D'ailleurs c'est ce qui se passe en ce moment. Ma poupette a eu 5 ans il y a une semaine (ah, toujours faire un lien entre l'âge et l'apprentissage, c'est relou à la fin : et il a marché à quel âge ? et il a parlé à quel âge ? pfffff....), 5 ans tout frais, donc, et elle a demandé à ses frères de lui écrire son nom, et elle le recopie, et elle sait presque le faire seule. Je peux vous dire que ça c'est une chose bien acquise et sans larmes et au moment où elle était prête pour ça. Par comparaison ce ne fut pas aussi rapide pour mon petit 4ème, presque 7 ans, qui par rapport aux enfants scolarisés pourrait passer pour un troufion ignorant mais qui, en vrai, a le temps dans sa journée d'expérimenter 10 000 fois plus de trucs que ses pauvres cousins cloués sur leur chaise 6 heures par jour !

C'est dans l'enthousiasme et quand ça l'intéresse que l'enfant a le goût d'apprendre. Le goût d'apprendre, n'est-ce pas ce que tout professeur rêve de voir briller dans ses petits élèves ? Mais l'école tue ce goût d'apprendre. Les enfants vont a l'école et font leurs devoirs parce qu'ils n'ont pas le choix ! Si au moins les écoles étaient intéressantes.... Ah moi si j'avais une enseignante comme Céline Alvarez dans l'école du village, ils iraient à l'école, j'aurais confiance ! Franchement, visitez son site, lisez son livre, c'est ce qui se fait de mieux en matière de pédagogie, en accord avec les dernières avancées de la science, avec les travaux de Maria Montessori pour point de départ. Si vous interrogez André Stern sur ecosia [moteur de recherche alternatif ; oui google connait aussi André Stern] vous aurez aussi une petite introduction au principe de l'apprentissage par l'enthousiasme, qui forcément ne peut pas être obtenu sur commande, au contraire.

Autre exemple : mon 11 ans est actuellement en train de bouffer tout le programme de primaire de grammaire et de maths, que j'avais peu réussi à lui faire approcher les années précédentes, et excusez du peu, mais il pige tout et cela ne lui pose aucun problème. Et il n'est pas sur-intelligent. Pourquoi, et je ne suis pas la seule à le demander, pourquoi bourrer ainsi le crâne de nos enfants alors qu'ils s'en tapent et alors qu'il suffit de quelques années de plus, de quelque curiosité de leur part, pour que les notions entrent dans leurs petites têtes comme dans du beurre, et avec plaisir ?!

Donc voilà, les programmes scolaires chez nous, c'est la corvée destinée uniquement à répondre un minimum aux demandes des inspectrices. De ce que j'ai lu sur les réseaux à droite et à gauche, il y a toutes sortes d'inspecteurs, des coopératifs et des affreux. Moi j'en ai des basiques. La principale est d'une platitude sans nom, ses deux sbires sont agréables et bienveillantes. Notre premier contrôle a eu lieu sous forme de convocation à l'académie, enfants placés par classe, ce qui fut ennuyeux vu qu'ils n'en avaient pas (rapport à leur naissance québécoise) et avec des tas d'autres enfants. Un interrogatoire un peu écrit, un peu oral. Le debriefing fut... en fait j'ai à peine lu le rapport car je n'ai pas besoin qu'on me dise où en est mon enfant😊. Évidemment il y a des trucs qui n'allaient pas. L'un "en retard en maths, faudra voir ça", l'autre "super allumé en histoire géo, niveau 6è pour un CM1"... Ce contrôle fut suivi d'une visite un peu plus approfondie à domicile, où ces dames m'ont enjoint de faire plus d'anglais, de maths... enfin, des recommandations amicales.

L'année suivante, on avait fait plus d'anglais, elles étaient ravies ! Cette fois-ci elles m'ont conseillé de pratiquer la dictée. De toutes façons je voulais le faire 😊. Pour ce deuxième contrôle elles sont venues à trois à la maison, les deux assistantes ont pris deux enfants chacune, se sont réparties dans la maison, et ont tenté de faire faire aux enfants 10 pages d'exercices "de leur niveau de classe" (qu'ils n'ont toujours pas : aucun n'a le niveau exact de sa tranche d'âge, ils sont soi devant, soi derrière, selon les matières). Je crois qu'aucun enfant n'a achevé les 10 pages ! Mais qu'est-ce qu'ils ont parlé ! Ils avaient envie de montrer leurs cahiers, ce qu'ils lisaient, leurs bureaux, leurs dessins. Pffff, ça n'a intéressé aucune des trois dames. La principale larronne nous a tenu la jambe à mon mari et à moi pendant tout ce temps pour nous lire et nous expliquer, comme à des couillons, le contenu de ce que les enfants étaient en train de passer comme examen. Je vous garantie qu'à chaque exo je disais "ça il va le faire facile, ça on l'a jamais vu, ça il va deviner, ah là ça va beuguer, ça pas de soucis".

Mon mari s'est drôlement emmerdé : cette année il ne se cassera pas la tête à prendre sa matinée, cela n'avait aucun intérêt, nous n'avons pas parlé de nos enfants, ni de pédagogie, ni du déroulement de nos journées, mais des exercices de la dame ! Tout ce qui compte pour elles, c'est de voir si les enfants correspondent à leurs cases de niveau à elles. Je vous plains, parents d'enfants scolarisés : combien de fois vos enfants ne rentrent pas dans la case de leur supposé niveau !? Combien de fois ne se comportent-ils pas comme leur niveau l'exigerait ?! Combien d'entre eux sont fichés dysphasiques, dyslexiques, dysorthographiques, alors qu'ils sont juste EUX-MÊMES ?! Et que c'est l'école qui ne prend en compte aucune différence dans la manière d'apprendre ?!?! Tous à la même enseigne, marche ou crève ! Les dys, c'est rien que "n'apprend pas de la manière du système". 😠

Je me calme...
Mais je disais au début que cette inspection avait été réussie "haut la main" parce que les deux inspectrices qui avaient fait travaillé les enfants ces deux années ont quand même constaté qu'ils ne manquaient pas d'instruction, ni d'encadrement, ni de stimulation. Les rapports sont donc toujours positifs, avec quelques conseils à la fin.

Le programme

Nous nous plions légèrement au programme scolaire afin que les contrôles académiques ne soient pas des séances de torture pour nos enfants. Qu'ils ne passent pas pour des couillons auprès de leur entourage mal informé. Que les rapports de l'inspectrice restent positifs. Que nous n'ayons jamais à subir de 2ème contrôle dans la même année en cas de rapport négatif. Que jamais nous n'arrivions à la situation de devoir nous défendre contre toute la machine Éducation Nationale au cas où elle nous sommerait de scolariser nos enfants. Voici comment nous nous y prenons pour rester libres quand même.

1. Je vous ai dit que nos enfants sont inclassables : je leur dit qu'ils sont en CM1, ou en CE2, car cela les place par rapport à leurs cousins, ou leurs copains, et ça les aide quand les gens leur demande "tu es en quelle classe" (toujours ces boîtes) mais en vrai, chacun à le niveau de son propre niveau ! Je me mets là où en est l'enfant pour le tirer un peu plus loin en fonction, oui, des "attendus du programme scolaire". Je pense que la fréquentation des familles non-sco canadiennes puis de plus en plus avec les années ma propre expérience me donnent assez confiance pour savoir que ça va aller, mes enfants apprennent, mes enfants progressent. Ayez confiance, les enfants sont câblés pour apprendre. Si on ne leur pourrit pas la vie, ils apprennent toute leur vie, et nous ne sommes que de grands enfants qui continuent d'apprendre... quand nous avons ENVIE.

2. Il parait que c'est cool, les enfants ne sont plus contrôlés par classe, mais par cycle, genre grande section à CE1 c'est le cycle 1 (je dis n'importe quoi) et donc cela laisse plus de latitude pour l'acquisition des notions "obligatoires"... S'il manque une notion une année, on peut la faire l'année suivante... Je n'en sais rien. Moi, ils avancent, et c'est tout ce qui compte. Mais ce qui est sûr c'est que plus ils sont jeunes, moins je leur bourre le crâne, tellement je vois qu'il suffit d'attendre 1 ou 2 ans de plus et ils comprennent tout seuls en 20 minutes, contre 3 heures quand c'est le niveau requis par l'éducation nationale. [Je ne suis pas enseignante, je n'ai pas la technique de Céline Alvarez, mais oui les enfants peuvent apprendre très tôt à lire écrire compter. Sauf que l'école actuelle est toute pourrie, du coup ça ne marche pas, les enfants se font matraquer le cerveau à contre-bon-sens. Pour ma part j'observe que sans encadrement ils apprennent beaucoup. Avec un encadrement Montessori modernisé ils apprennent beaucoup, bien, et très tôt.] De toutes façons, ce qui compte, c'est qu'ils progressent en matière scolaire. Le 1er contrôle académique est sensé mesurer un niveau, et les suivants, qu'il y ai progression par rapport à ce niveau. Pour l'instant, ça va chez nous.

3. Non, je n'avance pas à l'aveuglette : j'ai un livre-cahier par classe. Intitulé "Tout le programme", chaque maison d'édition scolaire produit le sien chaque année. On n'écrit pas dessus, c'est juste mon guide par niveau. Les enfants ne s'en servent même pas. Je n'utilise pas les exercices qui sont dedans. C'est juste que je préfère un bouquin qu'un site internet, mais on doit pouvoir trouver les programmes sur un site officiel. C'est donc ma référence académique pour savoir en gros ce que les enfants doivent savoir ! Et je peux vous dire que j'écope, j'élague, je lessive, je presse, il ne reste pas grand chose ! Soit je me dis "trop tôt, il pigera l'année prochaine", soit je me dis "ça, il l'a déjà appris tout seul", ou encore "ça, c'est tordu, ça sert à rien".

4. Nos leçons ainsi programmées portent sur grammaire, maths, histoire, et c'est tout. Le reste s'apprend dans la vie, sans aucun soucis. Un aperçu :

→ Avec les primaires, nous faisons la grammaire Montessori (les petits symboles) : oui on en est là avec mon CM1 (oh la la retard ! pas bien!) et ensuite je verrai bien comment je m'y prends en fonction de chaque enfant. Pour mon collégien je vous l'ai déjà dit je lui rédige intégralement une grammaire très logique et épurée et de style très oral. Je sais déjà que mon 2ème aime l'exhaustivité et les nombreux exercices... et que le troisième aime quand ça va très très vite... Mon principal allié pour qu'ils écrivent des petits mots d'amour à leurs grands parents sans fautes est la Méthode de dictée du cours Hattemer. Ils kiffent et ça marche pour les faire progresser en orthographe.

→ En maths je picore des trucs sur le web, et Myriam du site Apprends-moi autrement m'est d'un grand secours (j'ai acheté la formation Soroban et la formation Fractions, c'est tout).

→ En histoire nous lisons tranquillou Henri Servien, tout y est et c'est passionnant, un vrai roman. Ils lisent à voix haute à tour de rôle, histoire de pratiquer l'élocution, c'est un moment très plaisant surtout quand ça finit sur la tablette à chercher des images de mâchicoulis...

→ Pour la géographie, la science, les arts, c'est au quotidien, et très certainement n'importe quelle famille peut pratiquer ce genre d'apprentissage informel même avec des enfants scolarisés ! C'est la culture générale.

Voilà ! Voilà ce que j'en fais, moi, du programme !
Vous comprenez pourquoi ce n'est pas difficile à boucler en 3 mois à raison de 20 minutes par jour par matière !

Pour faire dans le concret (si ça ne l'était pas assez) je vous présente ce qu'il reste à mon CE2 et mon CM1 à apprendre pour cette année. Celui de CE2 n'est pas à jour (pas très méticuleux à cocher ses cases...) Mais prenez par exemple ce qui s'appelle, en CE2, le "partage équitable" : ce n'est rien qu'une introduction aux divisions, on est d'accord ? Franchement, si je ne lui "enseigne" pas, il n'y aura aucun problème, il aura compris, sans enseignement, avec un an de plus, le principe du partage équitable ! Ne croyez-vous pas ? Bien sûr que oui. Voilà un autre chapitre que l'on ne fera pas si je n'ai pas le temps !


J'espère que vous avez ouvert une porte intéressante grâce à ce billet, la porte de la tranquillité et de la confiance. Vous voyez que ce n'est pas sorcier, ce n'est pas impossible, ce n'est pas flippant : des tas de familles pratiquent l'instruction en famille et les mamans ne sont pas des super héros (vérifiez l'état de leurs corbeilles de linge vous en aurez confirmation)!

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A plus les puces !

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